samedi 6 novembre 2010

Le stand sur le salon "Vivons bois"

Vendredi 5 novembre c'était la première journée de présence de l'équipe de la Communauté de commune de Mimizan venue promouvoir le projet de co-habitat en pin des Landes "Habitez autrement" soutenu par cette collectivité territoriale.




Jusqu'à lundi 8 novembre inclus, professionnels, institutionnels et particuliers seront les bienvenus pour découvrir sur le stand du salon (hall 3 allée D travée 004) ce projet porteur d’une nouvelle conception du vivre ensemble. Une manière d’habiter, plus contemporaine et plus humaine qui se propose d'apporter des solutions aux problèmes actuels du logement, et également de favoriser l'économie de la filière bois au coeur du premier massif forestier cultivé d'Europe tout en répondant aux enjeux du développement durable.


Pour cette première journée, le président de la Communauté de communes de Mimizan, Christian Plantier, était présent sur le stand. Depuis avril dernier, elle est la première collectivité d’Aquitaine à soutenir aussi étroitement un projet de co-habitat. En s’engageant à vendre aux futurs propriétaires un terrain à proximité de l’océan pour un prix très avantageux, et en mettant à leur disposition un groupe de spécialistes (en sciences sociales, architecte, techniciens, juristes…) afin de les aider à le concrétiser.

Les bâtiments seront conçus selon les normes de l’éco construction (HQE) et feront la part belle au pin des Landes tant dans ses structures, revêtements, que dans l’aménagement intérieur. Ce projet est mené en partenariat avec Innovapin 2010, un programme du pôle de compétitivité Xylofutur.

mardi 2 novembre 2010

Salon "Vivons bois" à Bordeaux

La Communauté de communes de Mimizan sera présente sur le salon « Vivons bois » à Bordeaux du 5 au 8 novembre 2010 (stand hall 3 allée D travée 004) pour assurer la promotion d’un projet d’habitat groupé et solidaire, porteur d’une nouvelle conception du vivre ensemble. Une manière d’habiter, plus contemporaine et plus humaine.



Les bâtiments seront conçus selon les normes de l’éco construction (HQE) et feront la part belle au pin des Landes tant dans ses structures, revêtements, que dans l’aménagement intérieur. Ce projet est mené en partenariat avec Innovapin 2010, un programme du pôle de compétitivité Xylofutur.





Depuis avril dernier, la Communauté de communes de Mimizan est la première collectivité d’Aquitaine à soutenir aussi étroitement un projet de co-habitat. En s’engageant à vendre aux futurs propriétaires un terrain à proximité de l’océan pour un prix très avantageux, et en mettant à leur disposition un groupe de spécialistes (en sciences sociales, architecte, techniciens, juristes…) afin de les aider à le concrétiser.

Trois questions à...

Le projet de co-habitat soutenu par la Communauté de Communes de Mimizan présente de nombreux avantages. Revue de détails avec son Président, Christian Plantier.

Quels sont les avantages du projet de co-habitat que soutient la CCM ?
C’est en premier lieu une occasion pour les foyers aux revenus modestes, d’acquérir un logement accessible dans un contexte de station balnéaire où les prix sont dissuasifs. Ceci grâce à l’effort consentit sur le prix du foncier et au gain dans la construction des bâtiments que réaliseront les futurs co-habitants, en mutualisant le plus possible de services au sein d’unespace collectif. Si chacun conserve un espace privatif, ils déterminent ensembles au sein d’une charte tout ce qu’ils voudront mettre en commun : une salle pour des activités diverses, une chambre ou un studio d’amis, un jardin d’ornement ou un potager. C’est une nouvelle manière de vivre ensemble que l’on retrouve au coeur de ce projet, une véritable invitation à habiter autrement. Que l’on a souhaité plus solidaire en favorisant la mixité sociale et inter-générationnelle, mais aussi plus conviviale et participative tout en respectant la vie privée de chacun. C’est pour moi une réponse humainement responsable aux problèmes de logement et au malaise de notre société, une forme de partage au sein d’une propriété collective quia plus de valeur que l’égoïsme ou le chacun pour soi que l’on peut trouver par ailleurs.


Quels sont les autres enjeux d’un tel projet ?
En plus de cette dimension sociale, en choisissant d’utiliser le pin des Landes comme principal matériau pour la construction des futurs bâtiments, on encourage le développement de la filière bois sur le territoire. Avec le souci de faire de l’éco-construction un débouché économique pérenne, et pour ambition de favoriser l’implantation de nouvelles entreprises qui créeront des emplois. La mise en oeuvre des normes de haute qualité environnementale (HQE), l’utilisationdu pin maritime et des énergies renouvelables, répondent aussi à des enjeux de développement durable. Ce projet de co-habitat participera activement à la préservation de notre planète grâce aux économies d’énergie réalisées et au stockage de carbone dans le bois utilisé. La préoccupation environnementale rejoint des objectifs sociaux et économiques.

Offre-t-il d’autres perspectives ?
Oui, et c’est la raison pour laquelle ce projet de co-habitat est soutenu par l’Association française du télétravail et des télé-activités. On peut très bien imaginer que les futursco-habitants décident de créer un espace commun dédié à des activités professionnelles, notamment dans le secteur des services aux personnes ou aux entreprises et réaliser leur travaildepuis chez-elles. C’est une nouvelle manière de penser l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle grâce aux possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Tout en envisageant d’habiter autrement, on peut aussi prévoir de travailler différemment. Enfin, ce projet est aussi voué à devenir une référence pour d’autrescollectivités territoriales.

Rencontre avec Jacques Prades

Jacques Prades est directeur du Master nouvelle économie sociale de l’Université de Toulouse 2 Le Mirail, et du Centre européen de ressources sur les initiatives solidaires et les entreprises sociales(Cerises). Il revient sur la dimension sociale et humaine du projet de co-habitat en évoquant les réunions durant lesquelles se constitue le groupe et qui aboutiront à l’élaboration d'une charte.


Cerises est un centre de recherche en économie sociale, associé à l’Université et qui vise à favoriser la recherche en économie sociale comme à soutenir les initiatives novatrices, mais encore désordonnées, de l’économie solidaire. Ces initiatives connaissent un regain en France et en Europe depuis une dizaine d’années. « Nous avons été contacté par la Communauté de communes de Mimizan à l’issue des travaux de recherche sur l’habitat groupé en pin des Landes qu’elle avait menés principalement autour d’architectes et d’ingénieurs, quand elle a souhaité passer à une phaseactive et lancer un projet de co-habitat, confie Jacques Prades. Le co-habitat est un système de propriété collective et coopératif que je connais bien. D’une part, j’avais participé à un voyage d’étude au Québec pour le compte de la commune de Vaulx-en-Velin et, de ce fait, chargé d’introduire les 1ères journées d’Habicoop à Lyon. D’autre part, Cerises a travaillé sur toutes les expériences de co-habitat en France depuis les années 1960 en cherchant à identifier les raisons de leurs échecs ».

Résoudre les problèmatiques actuelles du logement
A partir de cette double entrée, Jacques Prades en a tiré des leçons pour voir comment on pourrait à travers le développement du co-habitat, tenter de résoudre les problématiques actuelles du logement, tant individuel que collectif. Et avec Cerises, il s’est alors lancé dans l’accompagnement de personnes désireuses de faire aboutir un projet de co-habitat et a acquis un savoir-faire dans ce domaine. « Au départ, nous avions simplement l’intention de faire l’analyse des groupes sociaux, mais nous avons été reconnus pour cette expertise dans le domaine du co-habitat ! » explique-t-il.


Des informations pour aider les futurs co-habitants
L’idée principale du logement coopératif tient en une idée simple : ce sont les habitants qui se prennent en charge euxmêmes pour décider ensemble du lieu où ils vont habiter. Ils s’affranchissent ainsi des modèles types de logements conçus directement par des architectes et des promoteurs. C’est au sein d’un groupe constitué de volontaires qu’ils vont décider de la répartition des espaces privatifs, de l’esthétique du lieu, de l’architecture, de la forme juridique de la propriété ou encore du mode de financement. « Dans le cadre du projet soutenu par la CCM, l’idée est qu’on accompagne des habitants, on les aide à se prendre en charge. La finalité est la même. Mais on a mis en place un accompagnement pour offrir aux futurs co-habitants tous les éléments qui leur permettront de décider, des informations pertinentes pour les aider. C’est un peu ce, qu’au Québec, on appelle les 'groupes de ressources techniques', les GRT. Mais c’est toujours aux habitants qu’il revient de définir leur priorité ». C’est ce qui constitue la nouveauté de ce projet à Mimizan : une collectivité territoriale s’est engagée à soutenir un groupe de 10 foyers environ.






Rédiger une charte
« C’est un tel groupe que l’on essaie de constituer au fur et à mesure des réunions bimensuelles que nous encadrons, précise Jacques Prades. Notre intervention s’attache à mener à bien une première étape qui conduira à la constitution définitive du groupe de co-habitants au travers de la rédaction d’une charte où ils déterminent leur projet commun, définissent quels sont les éléments retenus : jardin collectif, salle de gym ou de bricolage, studio d’amis, favoriser les énergie renouvelables… Cela débouche sur une répartition des espaces partagés et des parties privatives au sein du bâti avec une ouverture nécessaire sur l’extérieur et sur l’ébauche d’un cahier des charges pour sa réalisation. Il s’agit dans ces réunions d’avoir une posture de maïeutique, c’est-à-dire d’écoute, pour faciliter les choix qu’ils vont faire. On fait des propositions, on encadre la réflexion des candidats au co-habitat plutôt que de les mettre devant du « prêt à habiter ». On suit une méthode définie suite à l’observation d’autres expériences, on utilise des informations pertinentes comme par exemple les éléments constitutifs de précédentes chartes de co-habitats, mais c’est toujours à eux de déterminer quelles sont leurs priorités ». Cerises travaille aussi sur l’aspect collectif en favorisant l’avancée d’un consensus entre les futurs co-habitants pour que la charte et les futurs bâtiments soient l’exact reflet d’un projet commun. Et pour les parties privatives chacun d’entre eux fera ses choix et aménagera l’espace qui lui est dévolu, avec toujours le conseil du groupe de soutien.

Cette problématique est connue par Cerises parce qu’elle est identique, dans sa philosophie, à ce que ce centre de recherche a l’habitude de faire pour la constitution d’une crèche parentale, d’un café coopératif ou d’un auto-partage… En bref, ce que nous appelons les initiatives solidaires et les entreprises sociales.

Le bois de nombreux atouts

C’est dans une seconde phase qui fera appel plus largement aux compétences des ressources techniques (architecte, ingénieurs, thermiciens) que le projet prendra corps avec l’utilisation du bois et des énergies renouvelables. Le choix du pin maritime qui sera utilisé comme ressource locale présente des avantages au regard des impératif du développement durable. Ainsi le bilan énergétique du projet sera faible, comme son impact sur l’environnement. La mise en oeuvre du bois permet de réduire considérablement l’impact écologique, du fait de sa mise en oeuvre très peu consommatrice d’énergie. De plus, les possibilités de préfabrication et de montage à sec qu’il offre, permettent de raccourcir la durée du chantier, et le rend d’autant plus soucieux de son environnement. Le bois a de nombreux atouts dont Hubert- Alexandre Delanne se fait volontiers l’avocat : « c’est aussi un matériau qui consomme moins d’énergie pour être fabriqué, et donc de CO2, que l’acier ou le béton par exemple, il a des propriétés thermiques, comme isolant, très performantes, et répond parfaitement aux objectifs des normes HQE. Ses qualités esthétiques garantissent une très bonne intégration au paysage de Mimizan plage. Le bois, dont l’aspect dégage chaleur et convivialité, offre une grande diversité de matières et de couleurs. C’est un atout si l’on considère la forte représentation symbolique du logement à travers laquelle chacun peut s’identifier de manière singulière. Ces caractéristiques permettent de favoriser une bonne appropriation du projet, et rendent les habitants plus enclins à intégrer ce type de construction en raison de l’image positive qu’elle renvoie à l’extérieur ».

Enfin, on arrive aujourd’hui avec une mise en oeuvre maitrisée du bois à des niveaux de prix équivalents à ceux de la maçonnerie. Résolument polyvalent, grâce à sa résistance, sa légèreté et ses qualités isolantes, le bois constitue, plus souvent qu’on ne le croit, l’élément structurel d’une maison (charpente  ossature), et ses diverses fonctions tant à l’intérieur (revêtement de sols, parement de murs et de plafonds) qu’à l’extérieur (structure, enveloppe, terrasse, clôtures) offre un potentiel d’utilisation multiple.

« Construits dans les années 1970- 1980, certains bâtiments qui utilisaient beaucoup le bois ont mal vieilli sans doute en raison d’un manque de connaissance et de savoir-faire dans leur mise en oeuvre. Si j’évoque ces expériences malheureuses, poursuit Hubert-Alexandre Delanne, c’est pour souligner qu’il existe de nombreux usages du bois dans la construction et que l’essentiel consiste à respecter les contraintes de mise en oeuvre qu’il exige pour assurer la pérennité du projet. Le bois est un matériau très intéressant pour un architecte. Il existe aujourd’hui de plus en plus de formations qualifiantes pour acquérir les connaissances indispensables à son emploi». Et en retenant l’idée d’utiliser une essence locale, il sera fait appel dans la dernière phase à un tissu d’artisans et d’entreprises qui connaissent très bien le pin maritime et possèdent largement les compétences pour réaliser ce projet de co-habitat. C’est la qualité de la conception et le soin apporté à son exécution qui déterminent la longévité d’un ouvrage en bois et permettent de limiter son entretien.

Un architecte au service d'un projet

Pour aider les candidats au co-habitat à esquisser leur future résidence et les guider dans leur recherche du meilleur équilibre dans la répartition entre espaces privés et ceux mis en commun, un architecte les accompagne. L’utilisation du bois dans les futurs bâtiment présente aussi des avantages : c’est un matériau qui permet toutes les audaces et qui respecte l’environnement.




Au cours de ses études d’architecte, Hubert-Alexandre Delanne a consacré une année à l’obtention d’un DESS ‘Concevoir et réaliser avec le bois’. Une formation qui rassemblait des architectes et des ingénieurs de tous horizons et dont le but principal était d’acquérir les connaissances indispensables pour une mise en oeuvre adaptée du matériau bois dans la construction. Coutumier de la ville de Mimizan depuis déjà plusieurs années, son stage d’étude lui a donné l’occasion d’intégrer temporairement la CCM avec comme mission d’établir un état de la construction bois sur son territoire et dans les Landes. Et où, diplôme en poche, il s’est installé au sein d’une agence à la faveur de la réalisation d’un projet d’habitat, dont les façades rappellent les maisons de maître landaises. « L’habitat intermédiaire, explique Hubert- Alexandre Delanne, réclame un travail architectural qui cherche à concilier les avantages du collectif et de l’individuel et qui présente des similitudes avec la répartition entre espace mis en commun et espace privé que peuvent se fixer les candidats au co-habitat. Si l’un des objectifs est de regrouper le bâti pour optimiser les coûts, il s’agit également de préserver l’intimité des habitants afin d’être chez soi parmi les autres. L’habitat intermédiaire se développe à la faveur de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) qui a donné naissance au plan local d’urbanisme (PLU) et à des orientations nouvelles en terme d’urbanisme visant à éviter l’étalement des villes et à obtenir une meilleure occupation de l’espace ».





Assurer la cohérence spatiale du projet
Hubert-Alexandre Delanne a suivi la première phase de ‘Mimizan 1 : une invitation à habiter autrement’. Lorsque le président de la CCM, Christian Plantier, a souhaité passer à une phase plus opérationnelle et lancer le projet de cohabitat, il a rejoint le groupe d’experts qui encadrent les réunions des futurs co-habitants pour les aider à établir une charte et définir avec précision leurs souhaits en matière de bâti pour fournir les bases du programme architectural. « J’ai intégré ce groupe de soutien de façon plutôt inhabituelle dans ce type de projet, confie Hubert-Alexandre Delanne car l’architecte n’intervient généralement qu’à l’issue de cette première phase pour dessiner le projet. L’idée de faire participer un architecte en amont permet de proposer les choix les plus judicieux possible en raison du contexte géographique, de la cohérence économique et spatiale du projet, ainsi des solutions techniques à privilégier comme l’utilisation du pin maritime par exemple. La principale difficulté est de ne pas prendre position, de suggérer et d’être au service des futurs co-habitant pour les aider à définir au mieux leur projet et les solutions à privilégier. Contrairement au projet de logement classique, on ne cherche pas a posteriori les habitants du projet, mais bien le projet des habitants. De cette première phase on tirera une représentation générale du bâti, un plan de masse avec le tracé des différents espaces définis selon un équilibre entre espaces privés, ceux mis en commun et partagé, et la liaison avec l’espace public. Les espaces intermédiaires detransition sont également essentiels dans ce type d’habitat, parce qu’ils sont le lieu privilégié des échanges et de la construction du lien social. Ce type de projet architectural doit offrir des ouvertures vers l’extérieur mais en privilégiant l’intimité essentielle à chacun. En effet, l’attention portée aux espaces extérieurs prend autant d’importance que celle portée au logement en lui-même dans le sens où ils constituent à la fois un lien à la ville, au voisinage, à autrui, et sans lequel le repli sur soi devient aliénant».

vendredi 29 octobre 2010

"Gérer son espace de vie pour le partager"

Deux femmes témoignent de leur expérience du co-habitat. Noëlle Prinz appartient au groupe des pionniers de Duméril à Paris, 7 foyers qui y ont réhabilité un immeuble au début des années 1980. Juliette Tiberghien représente la 2ème génération, ses parents ont fait construire leur logement avec 9 autres familles à la même époque, la maison du Val à Meudon, où elle a grandi en partageant son quotidien avec un vingtaine d’autres enfants.

Noëlle Prinz fait partie des premiers co-habitants qui se sont installés dans un immeuble réhabilité, devenu habitat Duméril à Paris, dans les années 1980. « Ce sont nos idées qui nous ont réunis autour de ce projet, confie-t-elle. Certains d’entre-nous étaient actifs dans le milieu associatif, ou militaient dans le prolongement du mouvement de l’autogestion, avec des idées politiques plutôt à gauche. On avait des situations sociales et familiales identiques et le désir de vivre autrement. On habitait alors dans des logements traditionnels et on a décidé de mettre en adéquation nos idées avec la pratique.»


Des compétences bienvenues
Au départ c’est un noyau de trois familles qui se constitue pour porter ce projet, vite rejoint par d’autres, en s’apercevant qu’en mutualisant des surfaces plus importantes, le prix de revient du foncier baissait. « À partir du moment où l’on essaie de vivre autrement on rentre très vite dans les questions d’espace, son aménagement, la manière dont on va le répartir et en régler les usages, poursuit-elle. Et l’on se trouve aussi confronté à la gestion de tous les aspects du projet de cohabitat et de son fonctionnement : le financement, le choix d’une structure juridique, le dépôt d’un permis de construire… Heureusement que l’on pouvait compter sur des compétences au sein de notre groupe, en architecture, en droit et aussi en finance. Ce dernier point n’est pas négligeable car on tenait à ce que, indépendamment des revenus de chacun, nous ayons tous les mêmes conditions de crédit. L’un d’entre nous est parti les négocier auprès des banques. On a essuyé beaucoup de refus de vendeurs pour l’acquisition de terrains qui ne nous ne prenaient pas au sérieux, et manqué ainsi beaucoup d’opportunités, jusqu’à que nous nous soyons regroupés au sein du même établissement bancaire, avec des conditions claires de financement.»


Une expérience positive
Juliette Tiberghien « qui appartient à la seconde génération » évoque ses souvenirs d’enfance. Le projet construit par ses parents et 9 autres familles, a vu le jour en 1976, pour aboutir à la réalisation d’un immeuble en 1980, baptisé la maison du Val à Meudon en région parisienne. « Les fondateurs de ce co-habitat étaient des gens du même âge, tous actifs, avec le même niveau de vie, plutôt aisé, et partageaient des idées politiques plutôt progressistes », se souvient-elle. « Leur projet était de se réunir pour vivre ensembles. Il y avait eu, peu avant, une expérience réussie de co-habitat dans la ville de Meudon et parmi les résidents certains étaient des amis. Ce qui a suscité encore plus l’intérêt de ses parents et de l’ensemble du groupe pour trouver un terrain et l’architecte qui allait concevoir leur projet. Une fois construit, c’est la volonté de réussir à s’entendre, pour faire fonctionner l’immeuble sur un modèle très différent d’un syndicat de co-propriétaires, qui leur a permis de renforcer leurs affinités en une véritable amitié : « on partait aussi ensembles en vacances se souvient-elle. On a aménagé en 1980, une famille avec 4 enfants et nous avions une porte commune avec nos voisins immédiats, qui avaient aussi des enfants de nôtre âge, pour partager une salle de bain et des sanitaires. Et si nous étions toujours les uns chez les autres, nous avons été élevés différemment, chaque famille conservait ses impératifs et son mode de vie singulier ». Cela reste « une expérience très positive » pour Juliette Tiberghien, une réussite qui s’est confirmée au fur et à mesure des années « une véritable solidarité entre les personnes s’est développée et ce qui est très agréable aujourd’hui c’est qu’il y a toujours une présence à vos côtés.»



Renouvellement et pérennité
Pour elle l’expérience du cohabitat se poursuit : après avoir fait sa vie ailleurs, Juliette est revenue suite à son divorce s’installer auprès de ses parents à la maison du Val avec ses enfants. Elle a réintégré ces lieux et a installé dans les locaux communs un atelier de poterie et céramiques, « une activité annexe et une véritable passion et qui fut acceptée par tous ». Depuis 30 ans il n’y a pas eu de difficulté pour intégrer de nouveaux co-habitants et cela s’est même présenté relativement tôt : « il y a eu une famille qui n’est pas resté longtemps. On a toujours trouvé des personnes, pas toujours bien informées de ce mode de vie, mais qui l’ont trouvé génial ». Une pérennité que l’on doit à ceux qui sont au coeur de cette expérience, ce que souligne également Noëlle Prinz : « dans la transmission ceux qui portent l’histoire du lieu ont un rôle essentiel pour intégrer ceux qui arrivent après ». La forme juridique de la Société civile immobilière par attribution qui détermine la répartition entre les parties privées et collectives permet aussi un contrôle collectif sur les entrées, « il faut être coopté par ceux qui restent précise Noëlle. Depuis les années 1980, la vie a fait son chemin à Duméril et nous ne sommes plus que trois parmi les pionniers. Le système de cooptation joue le rôle d’un gardefou pour ne pas se retrouver avec des personnes qui ne partageraient pas le même état d’esprit. Il n’est pas possible de tout prévoir, comme la spéculation immobilière et la très grande plus-value des biens depuis 30 ans. Des gens se présentent, et s’ils veulent adopter notre cadre de vie, il doivent en accepter les règles ».





Des lieux très vivants
Au Val comme à Duméril, les parties communes sont assez importantes pour permettre d’avoir des activités qui dépassent le cadre de la vie familiale. Ce sont des expositions ou des animations selon, les intérêts de chacun, « des événements qui sont organisés pour les résidents et leurs amis et qui font vivre la maison, explique Juliette Tiberghien. Il y a des salles communes pour des activités de yoga ou de taï-chi, des ateliers de peinture, mon activité de loisir autour de la céramique, il y a aussi des groupes de musiciens qui viennent répéter durant la journée. On a invité un peintre pour faire une exposition, une connaissance pour un concert de musique baroque, ces petites manifestations qui restent bon enfant, contribuent à animer l’immeuble et c’est même cela qui en fait toute la valeur, comme l’identité de la maison du Val ». Aujourd’hui il y a 11 familles soit une trentaine de personnes qui y vivent, une avec deux jeunes enfants et une autre avec des adolescents, et surtout il y a de nombreux petits-enfants qui viennent voir leurs grands-parents les dimanches. Noëlle Prinz insiste aussi sur le rôle essentiel quetient le jardin de 500 m2 un espace commun et très agréable. Essentiel même, au milieu d’immeubles collectifs et de résidences classiques, « où les espaces communs sont plutôt confisqués ». Là oncore, au bout de trente ans les enfants ont grandi et sont devenus adultes, « et nos petits-enfants viennent nous voir ». Et il y a aussi un renouvellement des générations avec de nouveaux cohabitants : « le dernier couple s’est installé il y a 5 ans et ils ont maintenant un enfant. Cette vie en commun n’est pas toujours rose, et au départ on n’avait pas toujours bien su mesurer toutes les évolutions de notre co-habitation. On a fait face à quelques difficultés, mais au fond cette façon de vivre ensemble est tellement intéressante et enrichissante que cela valait le coût de prendre quelques risques".